Patient diabétique hospitalisé : l’intervention précoce d’un spécialiste du diabète permet de réduire les infections nosocomiales

16/05/2019 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie
Les hyperglycémies et les hypoglycémies sont des événements fréquents au cours de l’hospitalisation et sont associées à des effets secondaires. Comme la plupart des patients qui ont un diabète et qui sont hospitalisés le sont en dehors de services spécialisés en endocrinologie, les diabétologues sont rarement (ou tardivement) impliqués dans la prise en charge du diabète.

Différents hôpitaux ont mis en place des équipes diabétologiques spécialisées pour les patients hospitalisés afin de développer des protocoles, des programmes d’éducation et pour faire des audits cliniques en plus de participer à la prise en charge du diabète. Cependant le recours à ces équipes mobiles est parfois aléatoire du fait de l’inertie clinique. Des modèles plus proactifs dans lesquels l’équipe mobile de diabétologie est prévenue de manière très précoce et vient de manière autonome prendre en charge les patients sans avoir besoin d’être appelée par l’équipe qui a admis le patient diabétique dans son unité sont en place dans certains hôpitaux. Ces modèles sont-ils plus efficaces ? Afin de répondre à cette question, une équipe australienne a étudié l’impact d’une intervention proactive précoce (où l’équipe mobile de diabétologie est prévenue par une alarme, via le dossier électronique, de la présence d’un sujet diabétique dés qu’ils est hospitalisé et vient au lit du patient pour aider à prendre en charge le diabète dans les 24 heures de l’admission) et constaté qu’elle donnait les mêmes résultats qu’une prise en charge habituelle, c’est-à-dire un système de consultation à la demande du service admettant le patient diabétique. Un essai randomisé a été mis en place sur 8 services et cela pendant des périodes de 10 semaines où tous les services recevaient la prise en charge habituelle suivie d’une période active de 12 semaines où les services étaient randomisés soit vers une intervention précoce automatique, soit vers une prise en charge « habituelle ». Les critères d’évaluation étaient le nombre de jours avec des glycémies très perturbées (glycémie <4 mmol/l ou >15 mmol/l) ainsi que les complications survenues chez les patients. Un total de 1002 adultes hospitalisés consécutifs ayant un diabète ou ayant une hyperglycémie récente ont été inclus dans l’étude. Un contact avec un spécialiste du diabète (infirmière spécialisée ou diabétologue) pour prise en charge du diabète a été pris plus souvent grâce à l’intervention précoce (92 %) en comparaison de la prise en charge habituelle après appel des services (15 %, p < 0.001). Il en était de même pour la mise en route d’un traitement par insuline (57 % vs 34 %, p = 0.001). L’incidence des jours passés en glycémie très perturbée a diminué de 24 %, passant de 243 à 186 pour 1000 patients X jours dans le groupe intervention (p < 0.001) alors que cela n’a pas changé dans le groupe témoin. Au niveau individuel, le nombre de jours passés en glycémies très perturbées par personne a diminué d’une moyenne de 1.4 ± 1.6 à 1 ± 0.9 (-28 %, p = 0.001) dans le groupe intervention et ne s’est pas modifié dans le groupe prise en charge « habituelle » (1.8 ± 2 à 1.5 ± 1.8, -9 %, p = 0.23). L’intervention précoce de l’équipe mobile de diabétologie réduit les hyperglycémies sévères (diminution de 55 % des jours X patients avec une glycémie moyenne > 15 mmol/l (p < 0.001) ainsi que les infections nosocomiales (odds ratio = 0.2 ; IC 95 % = 0.07 à 0.58 ; p = 0.003). En conclusion, une identification précoce et la prise en charge précoce de patients hospitalisés ayant un diabète diminuent l’hyperglycémie et les infections nosocomiales.

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