Retour sur ADA 2017 : on connait mieux les aspects psychosociaux du diabète

04/09/2017 Par Marielle Ammouche
Diabétologie

Les troubles mentaux associés au diabète ont fait partie des points importants développés lors de la session 2017 du congrès de l’American Diabetes Association (ADA). En effet, les détails d’une nouvelle initiative concernant des programmes éducatifs sur la santé mentale ciblant les personnes diabétiques, ainsi que les résultats de deux études sur les aspects psychosociaux survenant chez ces malades ont été présentés à San Diego.

  "La dépression est plus fréquente chez les sujets diabétiques que dans a population générale, et a des conséquences non négligeables tant sur le plan physique que mental", rappelait ainsi le Pr Mary de Groot (Université de l’Indiana, Etats-Unis. Avec son équipe, elle a mené une étude, nommée Active II, qui visait à évaluer l’efficacité de 2 type d’intervention – l’exercice physique avec un coach personnel pendant 12 semaines (groupe Exer), 10 séances de thérapie cognitivo-comportementale (groupe CBT), ainsi qu’une association des deux sur 12 semaines (groupe Exer-CBT) -, qui ont été comparés à un groupe de patients recevant uniquement les soins habituels (groupe standard). Au total 140 sujets adultes présentant un diabète de type 2 ont été inclus dans cet essai. La moyenne d’âge était de 57 ans. L’ensemble des participants présentaient des signes cliniques de dépression.   Efficacité de l’exercice physique   A la fin des 12 semaines du programme, les patients des 3 groupes d’intervention (Exer/CBT/ Exer-CBT) ont montré une amélioration de leurs troubles psychiques, en comparaison de patient recevant le traitement standard. Les auteurs de l’étude ont ainsi mis en évidence dans ces trois groupes, une réduction significative du nombre de symptômes dépressifs (p ‹ 0,05), des pensées négatives (p ‹ 0,03), ainsi qu’une amélioration physique de la qualité de vie (p ‹ 0,03 sauf pour le groupe CBT). L’impact persistait après ajustement pour les traitements médicamenteux de la dépression, et les patients des groupes Exer et CBT avaient, de manière significative, plus de chance d’être totalement indemnes de symptômes cliniques de dépression majeure que ceux du groupe standard. En outre, les résultats ont mis en évidence que la pratique d’une activité physique était plus efficace sur le plan de la maladie diabétique avec une baisse en moyenne de 0,7 point de l’HbA1c (qui était de 7, en moyenne à l’inclusion), par rapport aux groupes CBT et standard. Le Pr Groot conclut que "notre étude est la première à démontrer que l’exercice guidé par un coach personnel est efficace pour traiter à la fois la dépression et le diabète […]".   Fréquence des troubles du comportement alimentaire   La deuxième étude a porté sur les troubles du comportement alimentaire. Ces pathologies constituent, en effet, un risque plus important parmi les jeunes patients diabétiques de type1 et 2 que dans la population générale, en raison de l’importance donnée à la diététique et à la surveillance du poids au cours de la prise en charge de cette maladie. Cette étude est issue de la cohorte américaine Search for diabetes in youth. Les dossiers de 2156 jeunes ayant un diabète de type 1 (âge moyen de 17,7 ans) ou de type 2 (21,8 ans), diagnostiqués entre 2002 et 2008, ont été analysés. Les résultats ont montré que 21,2% des sujets avec un DT1 et même 52,2% de ceux ayant un DT2 présentaient des troubles du comportement alimentaire. Les femmes étaient plus touchées, ainsi que les sujets en surpoids. Environ 20% des diabétiques de type 1 rapportent avoir sauter des injections d’insuline pour des raisons de contrôle pondéral ; 12,4% d’entre eux et 34,2% des DT2 ont mentionné un désire d’« être mince au dépends du bon contrôle de la maladie ». Globalement les participants ayant des troubles alimentaires présentaient un moins bon état de santé avec des taux d’HbA1c supérieurs, plus de symptômes dépressifs et une moins bonne qualité de vie. "Les désordres du comportement alimentaire sont souvent sous-diagnostiqués parmi les patients diabétiques, et ils peuvent compliquer la prise en charge du diabète, le contrôle glycémique et l’ensemble de l’état de santé", conclut le Pr Angel Siu Ying Nip (Université de Washington). Pour tenter d’améliorer la prise en charge spécifique des troubles mentaux des patients diabétiques, l’ADA a développé, en partenariat avec l’association américaine psychologique (APA), un programme de formation spécifiquement dédié à cette thématique. Concrètement ce programme est constitué de 7 heures de formation dispensées au cours du congrès de l’ADA au de celui de l’APA, associées à 5 heures en ligne. Après validation des connaissances, les praticiens ayant acquis cette formation seront inscrits sur une liste accessible sur le site de l’ADA.

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