Hypothyroïdie infraclinique : ne pas traiter, selon les nouvelles recommandations britanniques !

29/05/2019 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie
D'après une revue systématique publiée dans le BMJ, l'immense majorité des adultes présentant une hypothyroïdie infraclinique ne bénéficient pas d'un traitement par hormones thyroïdiennes.

L'hypothyroïdie infraclinique (HIC) n’est pas un syndrome clinique mais un « état » biologique défini par des concentrations élevées de TSH mais normale de T4 libre. Dans la mesure où certains sujets peuvent ressentir des symptômes qui seraient liés à l'anomalie et que des liens sont décrits entre l'hypothyroïdie patente et un possible risque accru de maladie coronarienne, il est raisonnable de se demander si un traitement par les hormones thyroïdiennes pourrait atténuer les symptômes, prévenir l’hypothyroïdie patente ou éviter les problèmes cardiaques à long terme. Les recommandations précédentes préconisaient l'utilisation d'hormones thyroïdiennes chez l'adulte dont la TSH est supérieure à 10 mUI/L et chez les sujets dont la TSH est inférieure mais qui sont jeunes, symptomatiques ou qui ont des indications spécifiques pour la prescription d’hormones thyroïdiennes. Afin d’avancer sur cette question, des épidémiologistes, des cliniciens et des patients britanniques ont réalisé une revue systématique récente des essais contrôlés randomisés suivant l’approche méthodologique GRADE et publient, dans le BMJ, de nouvelles recommandations. La revue systématique comprenait 21 essais avec 2192 participants. Chez les adultes atteints d’HIC, le traitement par les hormones thyroïdiennes n’apporte, de manière concordante, aucun bénéfice cliniquement significatif en termes de qualité de vie ou de symptômes liés à la thyroïde, notamment les symptômes dépressifs, la fatigue et l'indice de masse corporelle (preuves de qualité moyenne à élevée). Les hormones thyroïdiennes n’ont, semble-t-il, peu ou pas d’effet sur les événements cardiovasculaires ou la mortalité (preuves de faible qualité). Les risques liés au traitement n’ont été mesurés que dans un seul essai et peu d’événements sont survenus lors du suivi de deux années.

Les auteurs concluent donc que la quasi totalité des adultes présentant une HIC ne semblent pas bénéficier d’un traitement par les hormones thyroïdiennes. De plus, doivent aussi entrer en ligne de compte le poids, d’avoir à gérer ce traitement et sa surveillance tout au long de la vie et l’incertitude sur les risques potentiels. Le groupe émet donc la forte recommandation de ne pas prescrire d’hormones thyroïdiennes chez les adultes présentant une hypothyroïdie infraclinique (taux de TSH élevé et taux de T4 libre normal). Cette recommandation ne s'applique pas aux femmes qui souhaitent être enceintes ou aux patientes dont la TSH est > 20 mIU / L. Elle pourrait aussi ne pas s'appliquer aux patients présentant des symptômes sévères ou aux jeunes adultes (≥30 ans).

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