Les dermatologues alertent sur le déficit de prise en charge des maladies cutanées

21/09/2017 Par Marielle Ammouche
Dermatologie

Les dermatologues lancent un cri d’alarme, considérant que les pathologies de la peau, qui sont pourtant particulièrement fréquentes et pourvoyeuses d’importantes conséquences sur la vie quotidienne des patients, ne bénéficient pas de l’investissement nécessaire des pouvoirs publics.

Ils s’appuient pour cela sur les résultats d’une étude de la Société française de dermatologie (SFD) qui constitue, à ce jour, la plus vaste enquête épidémiologique jamais réalisée en France en dermatologie. Réalisée sur un échantillon de plus de 20 000 Français interrogés sur internet entre septembre et novembre 2016, cette enquête visait à évaluer la prévalence des maladies de peau, mais aussi leur impact psychologique, sociétal, économique, ainsi que leur répercussion sur la vie professionnelle et les loisirs des personnes atteintes. Les résultats montrent que 16 millions de Français sont touchés par une maladie de peau, soit un Français sur 3. Et 80% d’entre eux en déclarent deux. Les femmes sont plus concernées que les hommes (33 contre 28%). L’acné arrive en tête avec 3,3 millions de Français, suivi par l’eczéma (2,5 millions) et le psoriasis (2,4 millions). Viennent ensuite les maladies du cuir chevelu, les mycoses… Le retentissement de ces pathologies affichantes est important au quotidien. Ainsi, 45,2% des sujets interrogés se disent gênés par leur dermatose dans leur vie personnelle ; 39,2% dans leur vie professionnelle. Et 54% des personnes atteintes d'une maladie de peau souffrent d'anxiété ou de dépression. L’étude montre aussi que la prise en charge n’apparait pas optimale, 40,6% des patients atteints d'une maladie cutanée n'ont pas été suivis par un médecin au cours des 12 derniers mois. Les dermatologues considèrent que les pathologies de la peau sont "les grandes oubliées de la santé publique", affirme la SFD. Ils s’inquiètent en particulier des chiffres "alarmants" de la démographie médicale. Ainsi, aujourd’hui, la France compte environ 3 500 dermatologues (alors qu'il y a 7 000 cardiologues). "C’est insuffisant", juge la SFD. D’autant que la spécialité a perdu 9% de ses effectifs en 10 ans, et que seulement 450 nouveaux dermatologues environ sont formés chaque année. Les dermatologues dénoncent en outre le manque d’investissement des pouvoirs publics dans la recherche : "les moyens attribués en France à la recherche sont faibles, comparés par exemple à nos homologues allemands ou américains. Les processus, les démarches administratives restent lourdes, ralentissant les bonnes volontés pourtant nombreuses, expertes, et ultra motivées. Quand par exemple aux USA, il est décidé de mettre la gomme sur une question, en moins de six mois les résultats sont là quand nous ne pouvons débuter une étude académique qu'après une moyenne de deux ans de démarches administratives. Cessons d’entraver nos talents, mettons-les en marche!" affirme le Pr Marie-Aleth Richard (Marseille).

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