Dermatite atopique: une pathologie difficile à vivre

22/06/2017 Par Marielle Ammouche
Dermatologie

Le panel thérapeutique, qui reste limité actuellement, pourrait bientôt s’étoffer avec l’arrivée d’une première biothérapie.

  La Journée nationale de l’eczéma, qui a lieu le 24 juin, est l’occasion pour les associations de patients et les professionels d’attirer l’attention et d’informer sur cette pathologie qui reste mal perçue, malgré une prévalence importante. En effet, il s’agit de la 2ème maladie de peau en fréquence après l’acné. Elle concerne au total 2,5 millions de patients en France, soit 5% de la population. Un enfant de moins de 7 ans sur 5 est concerné, ainsi que 18% de ceux âgés de 7 à 16 ans; et 15% des nourrissons de moins d’un an. L’eczéma représente 30% des motifs de consultations en dermatologie. En outre, le nombre de patients a triplé en 30 ans dans les pays industrialisés. En plus de sa fréquence, une des problématiques rencontrées par les patients réside dans la difficulté de vivre cette maladie au quotidien, avec des conséquences psychologiques souvent marquées. "Certains patients souffrant d’une dermatite atopique très modérée d’un point de vue médical peuvent perdre totalement confiance en eux", affirme ainsi le Dr Sylvie Consoli (Paris). L’impact sur la vie sociale, scolaire et professionnelle est majeur.   Des facteurs prédisposants identifiés Récemment, la recherche a permis de préciser certains facteurs liés à la dermatite atopique (DA). Ainsi, avoir un chien, être gardé en collectivité, être exposé à des infections parasitaires précoces au 3ème trimestre de la grossesse, et vivre à la ferme ou en milieu rural protégeraient l’enfant vis-à-vis d’une DA. Au contraire, un allaitement maternel prolongé, des introductions alimentaires tardives, des mesures anti-acariens et des infections bactériennes et virale précoces ne seraient pas protecteurs. En outre, ont été identifiés comme étant un facteur exposant au risque de DA : un faible nombre d’enfants, un niveau social professionnel familial élevé, une consommation de sucre et d’acides gras polyinsaturés, un milieu urbain, une faible exposition aux UV et un faible degré d’humidité, ainsi qu’une utilisation fréquente d’antibiotiques pendant la grossesse et la petite enfance. Une prise en charge précoce et adaptée est donc fondamentale. Le traitement de fond repose sur les mesures d’hygiène (nettoyage doux sans savon ni détergent, évitement des cosmétiques irritants, de la chaleur et du tabagisme passif), un traitement topique, quotidien avec des émollients/hydratants, qui vise à restaurer la barrière cutanée et s’opposer à la pénétration des allergènes à l’origine de l’Eczéma. Le traitement de l’inflammation repose sur les dermocorticoïdes. Des traitements systémiques par voie orale sont parfois nécessaires en cas d’eczémas sévères, résistants aux thérapies locales de première et deuxième intention. C’est le cas des inhibiteurs de la calcineurine (Tacrolimus), en particulier ; la photothérapie et la ciclosporine restent des éventualités thérapeutiques rares. Enfin, beaucoup d’espoir portent sur le dupilumab, première biothérapie dans cette pathologie. Il s’agit d’un anticorps monoclonal humain qui cible les interleukines 4 et 13. Commercialisé aux Etats-Unis depuis mars 2017, mais non encore autorisé en Europe, il est testé actuellement en phase III. Il est administré à un rythme hebdomadaire en injection sous-cutané. Enfin, autre piste de recherche, des chercheurs lyonnais espèrent pouvoir utiliser les propriétés immunosuppressives du virus de la rougeole dans un futur traitement de la DA. En effet, sur des adultes présentant une DA, une réexposition au vaccin antirougeoleux a provoqué un effet, bref mais visible, sur les symptômes cutanés des volontaires (J Dermatol Sci. Edition en ligne avancée du 10 février 2017).  

Cinq sessions scientifiques pour les professionels
Une matinée d’infomation sur les traitements et l’état de la recherche, destinée aux professionels de santé (médecins, infirmiers, kinésithérapuetiques, …) aura lieu le samedi 24 juin à l‘hotel Hyatt Regency-Paris Etoile. Elle est organisée par l’association française de l’Eczéma. L’accès est gratuit sur réservation. contact@associationeczema.fr
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La consultation longue à 60 euros pour les patients de plus de 80 ans et/ou handicapés est-elle une bonne mesure ?

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