La surveillance active du cancer prostatique possible chez les patients antillais

14/12/2018 Par Corinne Tutin

Une étude de cohorte conclut à une survie comparable à ceux des malades métropolitains.

Une surveillance active est de plus en plus souvent proposée dans les cancers prostatiques localisés de faible risque (ainsi que dans certains cancers à risque intermédiaire, le plus souvent de grade 3, chez des patients avec des comorbidités et une durée de vie limitée). Cette stratégie thérapeutique exige néanmoins, rappelle le Comité de cancérologie de l’AFU dans ses dernières recommandations, de disposer de données biopsiques avec au moins 12 carottes, de réaliser un examen clinique et un dosage du PSA tous les 3 à 6 mois, et d’effectuer une biopsie prostatique de confirmation dans les 18 mois. Tout contingent cellulaire de grade 4 ou plus sur les biopsies de contrôle, imposera la sortie de la surveillance et la proposition d’un traitement actif*. Une étude de cohorte prospective ayant comparé, dans les deux centres du CHU de Bordeaux et de Pointe-à-Pitre, 175 patients caucasiens inclus entre 2006 et 2017 à 261 patients d’ascendance afro-antillaise inclus entre 2005 et 2018, suggère que cette approche peut être proposée sans risque à ces derniers malades, et ce bien que la progression tumorale du cancer prostatique soit en moyenne plus précoce au sein de la population afro-caribéenne. Dans les deux groupes, les patients avaient en moyenne 64-65 ans, un PSA tournant autour de 6 ng/mL, une densité du PSA de 0,123 en métropole et un peu plus élevée, de 0,130 en Guadeloupe, et un score de Gleason de 6 sur la biopsie prostatique. Les malades guadeloupéens ont eu une progression plus rapide de leur cancer, ont plus fréquemment subi un traitement chirurgical après plusieurs années de suivi (81 % contre 62 %). En outre, l’analyse des pièces opératoires de prostatectomie a mis en évidence des tumeurs significativement plus agressives (au vu de la répartition du score de Gleason sur les biopsies, de la longueur tumorale…). Cependant, au bout du compte, après 2,5 , 5 ou même 8 ans de suivi, les survies sans métastase, et globale, se sont avérées comparables dans les deux bras, indique le Dr Mélanie Percot (CHU de Bordeaux). Une autre analyse de 261 patients de la cohorte guadeloupéenne par le Dr Gautier Stempfer (CHU de Pointe-à-Pitre) révèle que la densité du PSA est, dans cette population, le seul facteur prédictif de sortie anticipée d’une surveillance active, une densité supérieure à 0,15 présageant ainsi une évolution tumorale plus rapide. Dans cette série, le pourcentage de patients encore sous surveillance active était de respectivement 69,4 %, 45,6 % et 23,3 % après 2,5 , 5 et 10 ans de suivi.   *Recommandations françaises du Comité de cancérologie de l’AFU – Actualisation 2018-2020. Progrès en Urologie, Novembre 2018, Vol 28, N° 12, Supplément p.S1-S193.  

Transplantation rénale robot-assistée : une technique intéressante chez les obèses

"Habituellement réalisée par laparotomie, la transplantation rénale expose à davantage de morbidité chez les personnes obèses, ou avec un périmètre abdominal élargi", explique le Dr Marine Lesourd (CHU Rangueil, Toulouse). "L’incision est souvent plus importante, l’accès aux reins plus compliqué. Pour ce motif, de nombreux centres de transplantation ne greffent pas les patients au-delà d’un indice de masse corporelle de 35 kg/m2. Cependant même chez ces patients, la greffe est bénéfique par rapport à l’hémodialyse en termes de survie, qualité de vie, coût de prise en charge".

La transplantation rénale robot-assistée est encore peu pratiquée en France. "Au CHU de Toulouse, la première a été réalisée par le Dr Nicolas Doumerc en juillet 2015. Depuis lors, ce chirurgien a effectué 26 greffes robot-assistées chez des patients ayant une contre-indication à la greffe par laparotomie". Les résultats récents d’une série de 19 patients obèses ayant bénéficié de transplantations robot-assistées de reins issus de donneurs vivants viennent de mettre en évidence la faisabilité et la sécurité de cette technique. "Les résultats péri-opératoires et post-opératoires sont comparables à ceux observés en chirurgie ouverte".

 

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