Congrès de la Société française de cardiologie - Fibrillation atriale : une forte prescription d’anticoagulants directs

08/02/2019 Par Corinne Tutin
Cardio-vasculaire HTA

Le registre EORP-AF GEN II montre que le traitement anticoagulant est largement prescrit en France par les cardiologues, avec une préférence pour les anticoagulants oraux d’action direct (AOD).

  "Le registre Eorp-AF GEN II de la Société européenne de cardiologie a pris en compte des patients avec une fibrillation atriale (FA) de 250 centres de 27 pays", a rappelé le Dr Olivier Piot (Saint-Denis, 93), investigateur national du registre français. Dans l’Hexagone, "753 patients de 20 centres avec une FA ont été inclus de mars 2015 à septembre 2016". Les patients français, d’âge moyen 68,5 ans et dans 69 % des cas de sexe masculin, sont fréquemment hypertendus (46 % des cas) et, dans une moindre proportion, porteurs d’une insuffisance cardiaque (35 %) ou d’une coronaropathie (27 %). Seules, 12 % des FA (plus souvent permanentes ou persistantes que paroxystiques) sont isolées et pas plus de 14 % correspondent à un premier diagnostic. La reconnaissance de la FA, qui représente dans les deux tiers des cas le motif de consultation ou d’hospitalisation, débouche très souvent en France sur l’instauration d’une prescription de traitement anticoagulant  (91,6 % des cas contre 84 % pour la cohorte européenne), et ce même pour un niveau du score thrombo-embolique CHAD2DS2-VASc de 0 (82,1 %), "ce qui ne correspond pas aux recommandations". "Ceci s’explique par le fait que les patients avaient souvent été hospitalisés, pour entreprendre une cardioversion ou une ablation requérant ce geste", a motivé le Dr Piot.  

Une prescription d’AOD supérieure aux AVK

  Les centres français se caractérisent aussi par une utilisation très importante (53,7 %) des nouveaux anticoagulants oraux d’action direct (AOD) par rapport aux médicaments anti-vitamines K (37,9 %), plus fréquemment alors du rivaroxaban (25,9 %) et de l’apixaban (22,8 %) que du dabigatran (5,1 %). Ce rapport de 0,7 entre AVK et AOD est proche de celui observé en Europe du Nord (0,64) ou en Europe de l’Ouest, mais éloigné de celui des pays d’Europe de l’Est ou du Sud, où l’usage des AVK reste majoritaire (2,32 et 2,28).   Ces AOD sont moins prescrits en cas de FA avec insuffisance rénale (odds ratio de 0,36, p = 0,003), "ce qui est cohérent du fait de leurs caractéristiques", en présence d’anomalies valvulaires (OR de 0,40, p < 0,001) "ce qui est logique car ils n’ont pas d’indication dans ces FA", mais aussi en cas de coronaropathie (OR de 0,64, p = 0,032), "ce qui n’a pas d’explication".   Une prescription d’antivitamine K est réalisée, dans 78,9 % des cas, parce que le patient reçoit déjà ce type d’anticoagulant oral, moins fréquemment (12,6 %) en raison d’une autre pathologie requérant cette prescription,  d’une dysfonction rénale (11,7 %),  ou parce qu’il préfère prendre ces médicaments (3,6 %). Quant à la décision de proposer un AOD, elle correspond à une reconduction de traitement dans 87,0 % des cas (le patient étant déjà sous AOD) ou, moins souvent, est motivée par les préférences du patient (9,5 %), une difficulté de stabiliser l’INR sous AVK (5,8 %), ou enfin l’existence d’antécédents hémorragiques (2,0 %). Le choix de préférer un AOD à un autre prend en considération les guidelines (39,2 %), l’expérience du cardiologue de cet AOD (34,4 %), les préférences du médecin généraliste traitant (24,7 %) et, rarement, le nombre de prises journalières (1 ou 2) (11,8 %).  

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