HTA : recommandations sur les spécificités de la prise en charge chez la femme

17/12/2018 Par Marielle Ammouche
Cardio-vasculaire HTA
À l’occasion des 38èmes Journées de l’hypertension artérielle qui se déroulent à Paris (13 et 14 décembre 2018), la Société française d’hypertension artérielle (SFHTA) publie ses dernières recommandations, qui sont spécifiquement dédiées à la prévention et à la prise en charge de l’HTA chez la femme.

Ce travail est apparu nécessaire aux yeux des experts devant la dégradation de la prise en charge constatée ces dernières années dans cette population. "L'hypertension est aujourd'hui moins dépistée et moins contrôlée chez la femme, notamment à l’approche de la ménopause, alors qu'il s'agit d'une porte d'entrée majeure dans le risque cardio-vasculaire", souligne ainsi la Fédération française de cardiologie, qui s’associe à cette démarche. On a longtemps pensé que les femmes étaient protégées du risque cardiovasculaire par leurs hormones. "De nombreuses études suggèrent que l’estradiol est le principal facteur protégeant les femmes de l’hypertension artérielle, ou plus exactement, en retardant chez elles son apparition", précise le Pr Geneviève Plu-Bureau (Hôpital Cochin, Paris, Université Paris Descartes). Cependant, les modifications hormonales que sont la contraception, la grossesse, et la ménopause, constituent des périodes de fragilité et à risque de développer une HTA. Le Dr Thierry Denolle, Président de la la SFHTA indique ainsi : que "l’HTA est plus fréquente chez les femmes entre 18 et 34 ans que chez les hommes du même âge".

Et l’évolution des habitudes de vie constatées depuis une trentaine d’années est tout à fait défavorable, avec l’adoption des mêmes comportements à risque (tabac, alcool, surpoids, excès de sel, manque d’activité physique…) que les hommes. A cela s’ajoutent des facteurs psychosociaux qui impactent la prise en charge. "L’HTA augmente avec l’âge chez la femme rattrapant le risque des hommes dès 55 ans", alerte Thierry Denolle.   Systématiser le dépistage Le texte publié par la SFHTA met donc l’accent sur le dépistage, le diagnostic, mais aussi l’évaluation des spécificités du risque cardiovasculaire féminin. "Il existe des signes non spécifiques qui doivent nous alerter, comme les maux de tête, des difficultés de concentration, des vertiges, une fatigue chronique, des troubles visuels ou des bourdonnements d’oreille ou encore des douleurs dans la poitrine voire un essoufflement à l’effort", précise le Pr Claire Mounier-Véhier, Présidente de la FFD. Le consensus comprend 15 recommandations classées,  selon la méthode Grade, au premier rang desquelles le dépistage systématique de l’HTA chez la femme à "chaque consultation médicale et obligatoirement au moment de la prescription d’une contraception ou d’un traitement de ménopause" ; l’HTA en consultation étant définie par une pression artérielle (PA) ≥ 140/90 mm Hg. S’y associe une évaluation du niveau de risque cardiovasculaire, et la prise en charge des facteurs de risque (sevrage tabagique, alimentation équilibrée, exercice physique…).  

Formation: HTA résistante

Les trois périodes hormonales à risque sont ensuite détaillées. Concernant la contraception, les experts déconseillent toute contraception oestroprogestative chez une femme hypertendue. Les alternatives sont la pilule microprogestative ou le dispositif intra-utérin au cuivre. Chez la femme ménopausée, les auteurs recommandent de prendre en compte la précocité de la ménopause, et insistent sur la nécessité de rechercher des signes de coronaropathie, qui doivent orienter vers un dépistage ciblé par un cardiologue, ainsi qu’une artériopathie des membres inférieurs, en particulier chez une femme fumeuse ou diabétique. Le traitement hormonal de la ménopause (THM) n’est pas recommandé chez la femme hypertendue ménopausée sans symptômes climatériques. Et en cas de présence de symptôme climatérique, la prescription d’un THM se fera "au cas par cas", avec réévaluation annuel de la balance bénéfices/risques. "Avec ces nouvelles recommandations, nous souhaitons mettre en place rapidement un dépistage plus systématique des risques cardio-vasculaires chez les femmes, à chaque période clé hormonale, en particulier à la péri-ménopause, où le risque s’envole en l’absence d’une hygiène de vie préventive efficace. Ce consensus d’experts va nous permettre de mettre en place un suivi personnalisé tout au long de la vie des femmes à risque, d’adapter les stratégies de prise en charge et de guider la prescription (ou non) des traitements hormonaux (contraception et THM), en s’appuyant sur des parcours de soins dédiées et innovants", ajoute le Pr Claire Mounier- Vehier.

La consultation longue à 60 euros pour les patients de plus de 80 ans et/ou handicapés est-elle une bonne mesure ?

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