La chirurgie bariatrique prévient aussi les complications macrovasculaires des diabétiques de type 2 avec obésité sévère

30/10/2018 Par Pr Philippe Chanson
Cardio-vasculaire HTA
La macroangiopathie est la première cause de morbidité et de mortalité chez les patients diabétiques de type 2. Mais la prise en charge médicale, dont les changements de style de vie, peut ne pas être suffisante pour abaisser ce risque. La chirurgie bariatrique, dont on sait qu’elle améliore le diabète, pourrait également représenter un traitement utile.

Afin d’analyser la relation entre la chirurgie bariatrique et la survenue d’événements macrovasculaires (pathologies coronaires et accidents vasculaires cérébraux) chez des diabétiques de type 2 ayant une obésité sévère, les données d’une étude rétrospective ont été utilisées. Des patients ayant une obésité sévère (IMC ≥ 35 kg/m2), âgés de 19 à 79 ans, et diabétiques, ayant eu une chirurgie bariatrique entre 2005 et 2011 dans 4 systèmes de santé intégrés aux Etats-Unis (5 301 patients), ont été appariés à 14 934 patients diabétiques témoins, sur le site, l’âge, le sexe, l’IMC, l’hémoglobine A1C, l’utilisation d’insuline, la durée du diabète et l’utilisation préalable du système de santé. Les patients ont été suivis jusqu’en septembre 2015 ; 76 % ont eu un bypass Roux-en-Y, 17 % une gastrectomie sleeve et 7 % un ballon gastrique. Les patients ont été comparés à une prise en charge habituelle du diabète. L’âge moyen était de 50 ± 10 ans, 76 % des patients opérés et 75 % des patients non opérés étaient des femmes et l’IMC moyen basal était de 44.7 ± 6.9 kg/m2 dans le groupe chirurgical et de 43.8 ± 6.7 kg/m2 dans le groupe non chirurgical. A la fin de la période d’étude, 106 événements macrovasculaires sont survenus parmi les patients opérés (dont 37 accidents vasculaires cérébraux et 78 événements coronariens) sur un suivi médian de 4.7 années (intervalle inter-quartile de 3.2 à 6.2 ans) alors que 596 événements sont survenus parmi les patients diabétiques appariés, non opérés (227 accidents vasculaires cérébraux et 398 événements coronariens) sur une médiane de suivi de 4.6 ans (3.1-6.1). La chirurgie bariatrique était associée à une incidence inférieure d’événement macrovasculaire à 5 ans (2.1 % dans le groupe chirurgical vs 4.3 % dans le groupe non chirurgical), donnant un hazard ratio de 0.6 (IC 95 % : 0.42-0.86) ainsi qu’une incidence inférieure d’événement coronarien (1.6 % dans le groupe chirurgical vs 2.6 % dans le groupe non chirurgical), donnant un hazard ratio de 0.64 (0.42-0.99). À 5 ans, l’incidence des événements cérébrovasculaires semblait inférieure après chirurgie bariatrique mais la différence n’était pas significative (0.7 % dans le groupe chirurgical et 1.7 % dans le groupe non chirurgical, donnant un hazard ratio = 0.69 : 0.38-1.25). En conclusion, dans cette étude d’observation de patients diabétiques de type 2 ayant une obésité sévère, la chirurgie bariatrique, en comparaison de ceux qui n’ont pas eu de chirurgie bariatrique, est associée à une diminution du risque d’événement macrovasculaire. Ces données nécessitent une confirmation dans des essais cliniques randomisés. Quoi qu’il en soit, en cas d’obésité sévère et de diabète de type 2, il faut certainement prendre en compte cette prévention des événements macrovasculaires dans la décision d’une éventuelle chirurgie bariatrique.

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