Sanofi et Regeneron sont prêts à baisser le prix de Praluent aux Etats-Unis

13/03/2018 Par Dr Philippe Massol
Cardio-vasculaire HTA

Les fabricants de Praluent tentent une stratégie peu employée jusqu’à présent dans le domaine de l’industrie pharmaceutique pour booster les ventes.

Sanofi et Regeneron ont annoncé un changement majeur dans la commercialisation de Praluent (alirocumab). Le duo veut rendre leur médicament hypocholestérolémiant "plus facilement accessible et économiquement abordable aux patients à risque élevé présentant d'importants besoins non satisfaits". Mais à une condition "que les payeurs acceptent de réduire les obstacles à l'accès auxquels se heurtent les patients à haut risque cardiovasculaire".  Ils ont déclaré qu'ils allaient profondément réduire le prix de leur traitement de 14 000 dollars par an à 4500 - 8 000 dollars afin de réduire les restrictions des organismes payeurs américains sur ce traitement qui, jusqu'ici, se commercialisait mal. "Un trop grand nombre de patients ayant un besoin urgent d'options thérapeutiques complémentaires aux statines ont été confrontés à des obstacles considérables pour obtenir l'accès à ce médicament important", a affirmé le Dr Olivier Brandicourt, Directeur général de Sanofi. "Nous sommes prêts à améliorer l'accès à Praluent et son accessibilité économique, et à éliminer les obstacles auxquels se heurtent les patients à risque élevé. Nous allons dès maintenant travailler avec les organismes payeurs pour faire en sorte que ces patients bénéficient d'un accès approprié à ce médicament." Selon le communiqué de Sanofi et de Regeneron, des représentants des deux firmes "rencontreront les responsables des régimes d'assurance maladie américains pour discuter des ajustements potentiels aux prix nets consentis aux régimes qui accepteront de garantir aux patients à risque élevé un accès plus simple et direct au médicament". Les deux entreprises prévoient également de collaborer avec les cardiologues pour définir les meilleures pratiques en termes de réduction des obstacles à l'accès à Praluent et pour garantir que les patients auxquels ce médicament est prescrit puissent l'obtenir rapidement. Le nouveau prix net sera aligné sur les résultats d'une nouvelle analyse coût-efficacité, pour les patients à risque cardiovasculaire élevé, réalisée par un organisme américain, l’Institute for Clinical and Economic Review (ICER).  Il y a environ 300 000 à 400 000 Américains chaque année qui entrent dans la catégorie des patients à haut risque, et 3,5 à 4,5 millions de personnes qui y sont déjà, a déclaré au Chicago Tribune, Umer Raffat, analyste. Si Sanofi et Regeneron obtiennent une couverture du médicament pour seulement 10% de ces patients à un prix de 6 000 dollars, le marché atteindra environ 2,5 milliards de dollars aux États-Unis, estime-t-il. "Le paysage des prix des médicaments et les approches des industriels du médicament sont très différents de ce qu'ils étaient il y a quelques années", a déclaré Steven Pearson, fondateur et président de l’ICER. "Les industriels pensent aujourd’hui qu’un vrai succès stratégique va signifier qu'ils devront maîtriser un prix basé sur la valeur". Reste à savoir si la stratégie de Sanofi sera suivie par d’autres industriels, à commencer par Amgen pour sa spécialité Repatha (evolocumab), le concurrent direct de Praluent.   De nouveaux résultats favorables présentés à l’ACC Cette annonce faite samedi 10 mars par Sanofi et Regeneron s’appuie sur le plan scientifique sur les bons résultats de l'essai clinique Odyssey Outcomes présenté au congrès américain de l’ACC (American College of Cardiology), à Orlando (Floride). Selon cette étude, Praluent, en complément de statines à la dose maximale toléré, a significativement réduit le risque d'événements cardiovasculaires chez des patients à risque élevé, et a été associé à une réduction du taux de mortalité. Cet essai à long terme a inclus 18 924 patients. S'agissant du critère d'évaluation principal, Praluent a réduit de 15 % le risque global d'événements cardiovasculaires majeurs (HR=0,85, IC : 0,78-0,93, p=0,0003). Le critère composite d'événements cardiovasculaires majeurs comprenait les infarctus du myocarde, les AVC ischémiques, les décès par maladie coronarienne ou les cas d'angor instable ayant nécessité une hospitalisation. Pour la première fois, l'ajout d'un traitement hypolipémiant à des statines à la dose maximale tolérée a été associé à une réduction de la mortalité toutes causes confondues (HR=0,85 ; IC : 0,73-0,98, valeur de p nominale = 0,026). Un effet plus important a été observé chez les patients dont le taux de cholestérol LDL de départ était supérieur ou égal à 100 mg/dl, malgré un traitement par statines à la dose maximale tolérée, et qui étaient exposés à un risque élevé d'accident cardiovasculaire. Dans ce groupe de patients, Praluent a réduit de 24 % le risque d'événement cardiovasculaire majeur et a été associé à une réduction de 29 % du risque global de mortalité. "Les résultats de cet essai vont dans le même sens que ceux d'essais antérieurs avec des statines et montrent que le bénéfice est plus marqué chez les patients dont le taux de cholestérol de départ est plus élevé", a déclaré le Dr  George D. Yancopoulos, président et directeur scientifique de Regeneron. "Les patients ayant survécu à un infarctus récent du myocarde ou à un autre événement coronarien sont nombreux à ne pas pouvoir atteindre un taux cible de cholestérol LDL inférieur à 100 mg/dl ; ils ont besoin de toute urgence de nouvelles options thérapeutiques car leur risque de présenter un nouvel accident cardiovasculaire est plus élevé. Les patients dans cette situation qui ont été traités par Praluent en complément de statines à la dose maximale tolérée ont bénéficié, dans le cadre de cet essai, d'une importante réduction de ce risque." Praluent inhibe la liaison de PCSK9 (proprotéine convertase subtilisine/kexine de type 9) aux récepteurs au LDL et augmente ce faisant le nombre de ces récepteurs à la surface des cellules hépatiques, entraînant ainsi une diminution des concentrations de cholestérol-LDL dans le sang.

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