La mode du régime sans gluten pourrait, en l’absence de maladie cœliaque, accroître le risque coronarien

16/05/2017 Par Dr Alain Trébucq
Cardio-vasculaire HTA

Le gluten, une protéine de stockage présente dans la farine, le seigle et l’orge déclenche une inflammation intestinale chez les personnes présentant une maladie cœliaque. De nombreuses personnes ayant des symptômes intestinaux sont convaincues que le gluten en est le responsable. Et devant le déferlement de promotion pour des produits sans gluten composant désormais des rayons entiers de nos supermarchés, décident de bannir cette protéine de leur alimentation. Cette attitude est-elle recommandable en l’absence de maladie cœliaque authentique ? Rien n’est moins sûr à en lire un article paru dans le British Medical Journal.

C’est une équipe américaine, dans le cadre d’une étude prospective de cohorte, qui a analysé les données de la Nurses’ Health Study et de la Health Professionals Follow-up Study, deux études qui comportaient, au début de l’étude, en 1986, le remplissage d’un questionnaire semi-quantitatif avec 131 questions sur leur alimentation. Les sujets ont ensuite été suivis jusqu’en 2010. L’étude a porté sur plus de 64 000 femmes dans la Nurses’ Health Study et plus de 45 000 hommes dans la Health Professionals Follow-up Study. Au cours des 26 ans de suivi (plus de 2 millions de personnes/année), 2 431 femmes et 4 098 hommes ont développé une maladie coronarienne. Les participants dans le quintile inférieur de consommation de gluten avaient une incidence de maladie coronaire de 352 pour 100 000 personnes/année, alors que ceux dans le quintile supérieur avaient un taux de 277 événements pour 100 000 personnes/année, donnant une différence non ajustée de 75 cas de maladie coronaire pour 100 000 personnes/année. Après ajustement pour les facteurs de risque connus, le hazard ratio multivarié pour une maladie coronaire était de 0.95 (IC 95 % = 0.88-1.02, p = 0.29) entre les deux quintiles. Après ajustement complémentaire pour la prise de céréales entières, le hazard ratio multivarié était de 1 (0.92-1.09, p pour la tendance = 0.77). Et, au contraire, après ajustement complémentaire vis-à-vis de la prise de céréales raffinées, la consommation estimée de gluten était associée à un risque inférieur de maladie coronaire (hazard ratio multivarié = 0.85 ; 0.77-0.93, p pour la tendance = 0.002). En conclusion, à long terme, la consommation alimentaire de gluten n’est pas associée à un risque de maladie coronarienne. En revanche, l’évitement du gluten pourrait conduire à une réduction de la consommation de céréales entières connues pour être bénéfiques, ce qui pourrait augmenter le risque cardiovasculaire. Il ne faut donc pas faire la promotion de régimes sans gluten chez les personnes qui n’ont pas de maladie cœliaque.

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