Cancer du sein : dépistage conseillé par les spécialistes, même après 74 ans

02/04/2019 Par Marielle Ammouche
Cancérologie
Alors que le dépistage organisé du cancer du sein s’arrête à 74 ans, les experts du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) invitent les femmes à poursuivre le dépistage de façon individuelle et volontaire au-delà de cet âge, et appellent à plus d’informations sur ce sujet.

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent et le plus mortel chez les femmes, avec 59 000 nouveaux cas par an et près de 12 000 décès en France. Or, si les femmes de plus de 74 ans représentent le quart de ces nouveaux cas (13 600), elles comptent pour près de la moitié des décès, en raison notamment de diagnostics plus tardifs, alerte le Pr Carole Mathelin (CHRU de Strasbourg), responsable de la commission sénologie du Collège national des gynécologues et obstétriciens (CNGOF). Et selon les projections, alors que le nombre de nouveaux cancers devrait reculer légèrement chez les femmes de moins de 70 ans d'ici 2040 (-5%), il pourrait augmenter de 50% dans la tranche d'âge supérieure, à la faveur du vieillissement de la population, estime le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC/OMS). "Le cancer du sein de la femme âgée est un problème de santé publique", qui va "être amplifié dans les années qui viennent" sans "modifications de nos pratiques", s'inquiète Carole Mathelin. Cette augmentation de la mortalité est liée au fait que trop de cancers dans cette tranche d'âge sont détectés à un stade avancé (tumeur de taille importante, atteintes ganglionnaires, métastases), ce qui représente une "perte de chance" pour les patientes, ajoute-t-elle. Cette situation dérive de trois idées reçues, selon la gynécologue : "puisqu'il n'y a plus de dépistage organisé après 75 ans, c'est qu'il n'y a plus de risque", "les cancers du sein de la femme âgée sont moins graves" et "les femmes atteintes meurent d'autres maladies avant que le cancer n'ait le temps de se développer".   Pour un dépistage individuel Actuellement, dans le cadre du dépistage organisé, toutes les femmes entre 50 et 74 ans sont invitées à réaliser une mammographie tous les deux ans pour détecter une éventuelle tumeur, voire plus fréquemment pour les femmes à risques particuliers. Ces convocations cessant une fois l'âge limite atteint, beaucoup de femmes pensent, à tort, qu'il y a ensuite moins de risque de développer un cancer du sein, tandis que du côté du corps médical persiste l'idée qu'elles sont "trop vieilles pour qu'on les embête avec ça", déplore le CNGOF. Si cette maxime peut valoir pour des femmes très âgées ou ayant déjà d'autres pathologies très lourdes, l'allongement de la durée de vie fait que l'examen clinique régulier (palpation) et la mammographie conservent leur pertinence pour les femmes ayant encore plusieurs années d'espérance de vie, souligne la société savante des gynécologues-obstétriciens. Augmenter l'âge limite du dépistage organisé ne serait pas forcément pertinent en termes d'efficacité - et serait par ailleurs très coûteux -, mais le CNGOF, en partenariat avec la Ligue contre le cancer, veut sensibiliser patientes et médecins à la nécessité de poursuivre la surveillance sur une base individuelle.   Sensibiliser les médecins généralistes Dans le cadre d'une campagne d'information, les deux organisations vont notamment envoyer aux médecins généralistes une affiche avec le slogan "Trop vieille pour ça? Seuls les autres le croient". Le Dr Jean-Yves Seror, radiologue à Paris et membre de la commission sénologie du CNGOF, appelle aussi de ses vœux une information officielle plus précise sur la persistance du risque de cancer. Il regrette que, aujourd'hui, à l'occasion de leur dernière convocation pour le dépistage organisé, les femmes concernées reçoivent un courrier de l'Institut national du cancer (INCa) stipulant que "après 74 ans, vous ne recevrez plus d'invitation régulière de notre part" et les invitant à se "rapprocher" de leur médecin traitant pour "déterminer la modalité de surveillance la plus adaptée".

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