Vaccin anti-HPV : les gynécologues dénoncent des "fake news"

11/01/2019 Par Marielle Ammouche
Cancérologie

Depuis quelques semaines, les médias se font l’écho des propos de deux médecins qui se sont positionnés contre les larges campagnes de vaccination contre le papillomavirus, affirmant que ces programmes ont favorisé le développement des cancers du col utérin chez les plus jeunes.

A l’occasion du 42ème congrès de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV), qui se déroule à Montrouge (92) les 11 et 12 janvier, ces spécialistes ont souhaité remettre les pendules à l’heure, et s’inquiètent, dans les colonnes du Parisien (10 janvier 2019), des répercussions de ces affirmations. "Depuis juin, et surtout la fin de l’année, des informations erronées et dangereuses circulent sur Internet et dans la presse", se désole le Pr Jean Gondry, président de la SFCPCV. En ligne de mire, les allégations de Gérard Bapt, ainsi que l’essai de la pédiatre et oncologue Nicole Delépine, "Hystérie vaccinale – Vaccin Gardasil et cancer : un paradoxe » (Fauves Editions). Les experts de la SFCPCV s’insurgent contre ces deux médecins "même pas gynécologues", qui "manipulent les chiffres et leurs interprétations" et qualifient les vaccins anti-HPV, le Gardasil et le Cervarix, "de bombes à retardement". Pour le Pr Gondry, "c’est totalement faux !". Les dernières données sur le sujet vont en effet dans le sens opposé. Ainsi, en Australie, pays dans lequel de vastes programmes de vaccination ont été réalisés chez les adolescents (filles et garçons), en particulier en milieu scolaire, les derniers chiffres indiquent que le taux de prévalence du papillomavirus chez les jeunes filles de 18 à 24 ans est passé de 23 à 1% en 10 ans. Et les tendances vont dans le sens en Angleterre et au Danemark. De même concernant la tolérance du vaccin, une vaste étude de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de 2015, complétée par une récente étude canadienne, a confirmé l’absence de lien entre vaccin anti-HPV et maladies auto-immunes. En France, la situation de la prévention vaccinale antipapillomavirus, est loin d’être optimale. Ainsi, à ce jour, le taux de couverture vaccinale est l’un des plus bas en Europe : moins de 20 % de la population cible est vaccinée alors que le Plan cancer 2014-2019 fixe un objectif de 60 %. Et ces "fake news" apparaissent d’autant plus problématiques que l’évolution de cette vaccination ces dernières années est plutôt à la baisse : "les années suivant sa mise en place en 2007, on avait un taux de 30 %, aujourd’hui on est à 18 %", regrette Jean Gondry. Actuellement, plus de 1 100 femmes meurent chaque année de ce cancer en France, l’un des seuls pour lequel le pronostic se dégrade en France. Le taux de survie à 5 ans après le diagnostic est en effet passé de 68 % en 1989-93 à 62 % en 2005-10. Près de 3 000 cas de cancers du col utérin sont diagnostiqués chaque année. S’y ajoutent les cancers ORL et anaux liés au HPV, qui augmentent de façon majeure ces dernières années.

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