Journées dermatologiques de Paris : des signes cutanés peuvent révéler un trouble des conduites alimentaires
L’anorexie et l’orthorexie sont pourvoyeuses de signes cutanéo-muqueux liés aux carences
Les troubles des conduites alimentaires (TCA) sont souvent cachés à l’entourage et d’autant plus aux médecins, et donc à l’origine d’un important retard diagnostique. Or il peut exister, dans certains cas une symptomatologie dermatologique susceptible d’attirer l’attention du praticien, et qu’il est donc nécessaire de connaitre. C’est pourquoi ce thème a été développé lors d’une session des Journées dermatologiques de Paris (Paris, 12-16 décembre 2017). Les TCA sont principalement représentés par l’anorexie et la boulimie qui peuvent parfois coexister, auxquelles il faut désormais associer les troubles orthorexiques, caractérisés par la volonté obsessionnelle d’ingérer une nourriture saine et le rejet systématique des aliments perçus comme malsains. Ils s’observent généralement chez l’adolescente et la femme jeune (10-30 ans), mais peuvent aussi se voir à un âge plus avancé ou chez les hommes, chez lesquels la pathologie est généralement plus sévère. Les TCA peuvent être associés à des signes cutanéo-muqueux, essentiellement de nature carentielle, qui sont souvent révélateurs d’un TCA sévère ou installé depuis longtemps. Et si l’anorexie est naturellement la plus grande pourvoyeuse de ces troubles, l’exclusion totale de la viande dans certains cas d’orthorexique peut être à l’origine d’authentiques carences en vitamine C et en fer. Même, les carences observées en cas d’orthorexie sont généralement compensés
Des signes aspécifiques mais qui doivent attirer l’attention
Sur le plan de la symptomatologie, les signes sont peu spécifiques. Il faut cependant savoir penser à un TCA devant une peau fine, une chute des cheveux, des troubles vasculaires des extrémités évoquant une acrocyanose. « Un purpura périfolliculaire avec troubles hémorragiques est en revanche assez spécifique d’un scorbut lié à une carence en vitamine C » rappelle le Pr Laurent Miséry (CHU de Brest). Des troubles sensitifs à type de picotements, de prurit et de brûlures cutanées peuvent aussi être constatés et doivent également faire évoquer une éventuelle pathologie carentielle, notamment en vitamine B1, B6. Concernant les signes muqueux, on peut observer notamment une langue dépapillée, une bouche sèche ou des ulcérations buccales qui sont très évocatrices d’une carence en vitamine B12. Enfin, le médecin peut être alerté par des signes dermatologiques en rapport avec les troubles psychiques, qui sont souvent associés aux TCA. Ainsi, il n’est pas rare d’observer des excoriations ou lésions de grattage d’origine psychogène, qui doivent attirer l’attention du médecin. Devant une suspicion de carences liées à un TCA, il paraît important d’objectiver le trouble carentiel. On pratiquera donc une NFS à la recherche d’une anémie, un dosage du fer sérique et de la ferritine afin de mettre en évidence une carence en fer, et éventuellement un dosage des vitamines B1, B6, B9 (Acide folique), B12, C, D. Enfin, une radiographie des os longs ainsi qu’une densitométrie permettront de mettre en évidence les répercussions sur le squelette d’une éventuelle carence en vitamine D.
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