Chez les patients obèses porteurs d’une stéatohépatite non alcoolique, la chirurgie bariatrique réduit le risque de complications cardiovasculaires et hépatiques

01/12/2021 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme Hépato-gastro-entérologie Nutrition
La stéatohépatite non alcoolique (NASH) est associée à un risque important de cirrhose et de carcinome hépatocellulaire mais également à un risque de maladie cardiaque. La biopsie hépatique est souvent nécessaire pour un diagnostic précis et pour évaluer la sévérité de l’atteinte hépatique. Dans la mesure où la NASH est souvent associée à une obésité ou à un surpoids, il était intéressant de connaître les effets d’une chirurgie bariatrique, destinée à réduire le poids chez les obèses, sur les complications non seulement cardiovasculaires mais également hépatiques de la NASH.

Une étude a donc été réalisée dans une population de patients ayant eu une biopsie hépatique prouvant une NASH entre 2004 et 2016, au sein de laquelle 1158 patients adultes ayant une obésité ont été identifiés. Le diagnostic histologique de NASH était confirmé chez ces patients de même que la présence d’une fibrose hépatique (stade histologique 1 à 3). Au sein de ce groupe de 1158 patients adultes, les patients ayant eu une chirurgie bariatrique ont été comparés à un groupe témoin qui n’avait pas eu de chirurgie bariatrique. Le suivi a duré jusqu’en mars 2021. Les patients ayant eu une chirurgie bariatrique avaient eu soit un by-pass Roux en Y, soit une gastrectomie sleeve. Sur 1158 patients, dont 750 femmes (soit 63.9 %) d’âge médian 49.8 ans et d’IMC médian 44.1 (intervalle interquartile = 39.4 – 51.4), 650 patients ont eu une chirurgie bariatrique, ils ont été comparés à 508 témoins non opérés (groupe témoin) avec un suivi médian de 7 années (IIQ = 4 – 10). La sévérité de l’atteinte hépatique à la biopsie et différents paramètres de poids, de sexe, d’âge médian, d’origine ethnique et d’antécédents étaient similaires entre les groupes. A la fin de la période d’étude dans les données non pondérées, 5 patients du groupe chirurgie bariatrique versus 40 patients du groupe non chirurgical ont eu une complication hépatique majeure (progression vers le stade de cirrhose clinique ou histologique ou développement d’un hépatocarcinome ou nécessité d’une transplantation hépatique ou mortalité d’origine hépatique) et 39 patients du groupe bariatrique versus 60 patients du groupe non chirurgical ont eu un événement cardiaque majeur (événement coronarien, accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque ou décès cardiovasculaire). Chez les patients analysés avec une méthode de concordance des poids, l’incidence cumulée des complications hépatiques majeures à 10 ans était de 2.3 % (IC 95 % = 0 – 4.6 %) dans le groupe chirurgie bariatrique et de 9.6 % (6.1 – 12.9 %) dans le groupe non chirurgical, donnant une différence de risque absolu ajusté de 12.4 % (5.7 – 19.7 %) et un hazard ratio ajusté de 0.12 (0.02 – 0.63 ; p < 0.01). L’incidence cumulée d’événement cardiovasculaire majeur à 10 ans était de 8.5 % (5.5 – 11.4) dans le groupe chirurgie bariatrique et de 15.7 % (11.3 – 19.8 %) dans le groupe non chirurgical (différence de risque absolu ajusté = 13.9 % ; 5.9 – 21.9 ; hazard ratio ajusté = 0.3 ; 0.12 – 0.72 ; p = 0.007). Au cours de la première année après la chirurgie bariatrique, 4 patients (0.6 %) sont décédés des complications de la chirurgie dont une fuite gastro-intestinale (n = 2) et une insuffisance respiratoire (n = 2). En conclusion, chez les patients ayant une NASH et une obésité, la chirurgie bariatrique en comparaison d’une prise en charge non chirurgicale, est associée à une réduction significative du risque d’événement cardiovasculaire majeur mais également de complication hépatique grave.

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

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